Par Tristan Vyncke

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Voilà 4 ans que le département est entièrement colonisé par le moustique tigre, et Carpentras ne déroge pas à la règle. Cet insecte capable de gâcher nos belles soirées d’été n’est pas seulement un nuisible très agaçant, c’est aussi un potentiel colporteur de maladies graves, responsable de près de 750 000 décès par an dans le monde. Tout le monde s’accorde à dire qu’il est nécessaire de les éliminer, ou en tout cas d’empêcher leur développement, mais jusqu’à présent les techniques n’étaient pas très respectueuses de l’environnement. Lors des épandages ou des fumigations appliquées sur des territoires, des quantités faramineuses de produits chimiques étaient déversées, causant des dommages importants à la nature, notamment parce que ces procédés ne font pas de différences entre les insectes ; ils tuent tout sur leur passage.
Démoustication “naturelle”
Mais il y a 5 ans, deux jeunes innovateurs camarguais, Simon Lillamand et Pierre Bellagambi, ont commencé à expérimenter un nouveau procédé de démoustication naturel, et auto responsable. Ils ont créé des bornes antimoustiques qui attirent et capturent les femelles (seules les femelles piquent pour amener à terme leurs oeufs), en simulant une présence humaine. En fait, ces bornes dispersent du CO2 recyclé pour imiter une respiration, et émanent des leurres olfactifs pour simuler une odeur corporelle. Les spécimens sont alors attirés, puis aspirés par un ventilateur. Des bornes sans dangers pour les autres espèces, et qui n’émettent que 1 ml de produit chimique (dilué) par mois.
Un dispositif efficace
L’expérimentation des deux entrepreneurs fut un succès. Dans certaines zones, comme le quartier Sambuc à Arles, la nuisance a baissé de 80 %. Depuis 2015, le projet a bien grandi, et les innovateurs ont fondé leur entreprise “Qista” à Aix-en-Provence. Ils ont déjà vendu environ 2000 bornes en France et au Québec. Certaines villes s’en sont équipées massivement, comme à Hyères dans le Var, où 168 bornes ont été installées pour mettre fin aux épandages chimiques.
Hier, 11 de ces bornes à 2500 € pièce ont été mises en service dans la ville. Elles ont ainsi été disposées aux abords des principaux bassins de rétention. Chaque borne a un rayon d’action de 30 à 50 m selon les types de moustiques, elles sont anti-effraction, anti-graffitis et surtout autonomes, car alimentées par panneaux solaires. Elles sont également connectées, pour mesurer leur efficacité, et les conditions idéales (horaires et météo) de capture.